Roches Crahay

Les Roches Crahay font l’objet du tracé de la promenade AY20, balisée par des rectangles jaunes. Elle partage son itinéraire avec celui de la promenade du Ninglinspo AY21, de son début jusque la passerelle P11 située au lieu dit « Noirheid ».

Si vous faites la promenade AY21, après l’arrêt au point de vue Drouet, une visite à ces roches est possible et vous est même conseillée. Il suffit de suivre le fléchage mis en place pour rejoindre le tracé de la AY20  (voir « Photos-Randonnée ou « Fiche Balade »).

 

Ces Roches sont d’un grand intérêt géologique. Il s’agit de témoins du premier rivage marin qui, aux temps très anciens, bordait la terre ardennaise surgie de la mer il y a près d'un demi-milliard d'années.

 

Leur nom a été donné par la société « Les amis de l’Amblève » en hommage à Monsieur J.N. Crahay, Directeur général des Eaux et Forêts grâce à qui le site du Ninglinspo a été préservé et classé de manière définitive en 1947.

 

 

Ces roches sont situées à la crête d’un important massif de schiste situé entre la vallée de l'Amblève et le ravin du Ninglinspo.

 

Elles forment un belvédère naturel en lame de couteau d'une longueur d’environ 300m à une altitude de 280m, avec une orientation Nord-Sud. 

 

 

 

Elles sont composées d’énormes cailloux de quartzite et de schiste aux angles arrondis (galets) solidement réunis par un ciment naturel formant ainsi une sorte de béton (agglomérat) appelé "Poudingue".

 

Leur étude géologique prouve qu’elles se sont bien formées sur un littoral.

 

Si vous êtes curieux, vous trouverez plus d'explications en fin de rubrique.

 

Sur la carte de la promenade dressée par Ed. Rahir, le site des Roches Crahay est annoté de quatre belvédères. Ils portent les noms d’Eugène, Emile, Jean et Joseph pour rappeler les services rendus par 4 membres de la ligue « Les Amis de l’Amblève » qui se sont activement occupés de l’aménagement du site du Ninglinspo.

Un "abri" est noté comme faisant lui aussi partie du site.

 

Lors de la balade, on aborde la crête par sa partie la plus méridionale. C’est là que se trouve le « Belvédère d’Eugène » très souvent photographié car il se présente sous la forme de deux excroissances rocheuses d’aspect très énigmatique.

 

Jadis, lors des explorations de ces rochers par la ligue des « Amis de l’Amblève », les versants de ce massif étaient peuplés de bosquets de faible hauteur ce qui permettait des panoramas exceptionnels sur la vallée de l’Amblève et celle du Ninglinspo.

 

Sur une photo prise du belvédère Drouet en 2011, on voit une forêt de résineux qui recouvre complètement le massif et qui forcément rend complètement aveugles tous les belvédères.  C’est par soucis de rentabilité que tous ces résineux sont apparus dans nos régions en provoquant de grands changements tant pour l’agencement des forêts que pour les aspects liés à l’écologie. A noter que sur certains sites, ils posent maintenant de gros problèmes d’exploitation liés à leur taille et à leur accessibilité. Fort heureusement, la récente mise à blanc réalisée sur le versant Est permet de belles échappées sur la vallée du Ninglinspo ; les panoramas vers l’Amblève quant à eux sont toujours masqués.

 

 C’est par le belvédère d’Eugène que l’on aborde la crête en lame de couteau d’où jadis le regard pouvait s’étendre à gauche vers la belle vallée de l’Amblève. De cette crête, on domine le profond et sauvage vallon du Ninglinspo que la coupe des grands résineux permet maintenant d’admirer.

 

A l'autre bout de la crête, côté Nord, on découvre le massif le plus important dont la structure et la composition créent  la grande admiration  des équipes de géologues. C’est à son sommet que se trouve le belvédère d'Emile d’où l'on peut profiter de belles échappées vers le vallon du Ninglinspo. Le sentier, à cet endroit assez pentu, contourne ce massif  et plus en contrebas, sur la gauche, on découvre l'Abri qui est situé en dessous du belvédère de Joseph comme indiqué sur la carte établie par E. Rahir. Il est constitué d’une roche d’environ 5m de longueur qui, sur une profondeur de plusieurs mètres, surplombe le sol. Sur la terrasse de cet abri naturel, se trouve un buisson de houx de très bonne taille.

Encore 200 m de descente et le sentier rejoint le chemin d'exploitation en amont de la chaudière, le parking n'est plus très loin.


 Pour les plus curieux, voici une « rapide » explication :

 

  Il y a environ 4,5 milliards d’années, la terre se présentait sous la forme d’une sphère de blocs de roches en fusion à la surface de laquelle flottaient les substances les plus légères. En se refroidissant ces matières se solidifièrent pour former la croute terrestre composée principalement de granit. Cette croute s’épaissit en se refroidissant et atteint une température suffisamment basse pour permettre aux vapeurs de l’atmosphère de s’y condenser et ainsi former les premières mers. Ce refroidissement amena une diminution de volume du globe ce qui provoqua des plissements à sa surface créant ainsi des montagnes ou de grandes fosses qui furent envahies par les eaux. Les falaises bordant les mers subirent l’action mécanique des vagues ce qui provoqua des arrachements de quartiers de roches ( fragments) qui, sous l’action du flux et reflux, se sont divisés puis émoussés pour se transformer en galets, graviers, et éléments plus fins comme le sable et l’argile. Les éléments les plus lourds restant proches de la falaise tandis que les plus légers étant entrainés en pleine mer. Nous avons donc la répartition suivante : galets près du rivage puis graviers, sable et enfin argile.

Au cours du temps, d’autres mouvements de l’écorce terrestre modifièrent le niveau de la mer qui continua à envahir la terre ardennaise. Le même mécanisme d’érosion des rivages, amena à la formation de nouvelles couches qui se déposèrent sur les anciennes.

Finalement,  les grosses pierres furent cimentées par des formations meubles et, à la suite d’un important plissement de l’écorce terrestre cette couche de cailloux consolidés par le temps fut disloquée et redressée ainsi que nous le remarquons maintenant. Vu leur nature (poudingue) et leur composition (quartzite et schiste), ces rochers sont donc bien les témoins du premier rivage ardennais.


Plus de détails encore dans l’ouvrage de Ed. Rahir, « La Région de l’Amblève – Son origine, ses transformations, son état actuel » une publication des « Amis de l’Amblève ». Et plus encore dans ces ouvrages universitaires …